Chroniques du Critérium

À chaque journée du critérium Île-de-France, ce sont près de 700 joueurs et joueuses qui s'affrontent sur les courts de la région parisienne. De Mantes-la-Jolie à Fontainebleau en passant par Montmartre. Impossible bien sûr de passer en revue les 80 rencontres hebdomadaires, mais nous tentons à chaque journée de vous en donner un petit aperçu. C'est un mini-tremblement de terre qui a secoué le critérium mardi soir, avec le sacre du PUC chez les hommes. Nous revenons en détail sur cette soirée et la superbe saison des pensionnaires du stade Charlety. Le lendemain, c'était au tour, de manière beaucoup plus attendue, du Squash 95 chez les femmes. La dernière journée qui se joue la semaine prochaine déterminera les positions finales dans toutes les divisions. Il sera ensuite temps de se projeter sur les barrages d'accession/relégation pour certaines équipes. Bonne lecture !

GROS PLAN : LE PUC CHAMPION !

En battant Vincennes mardi soir et en devenant ainsi champions d'Île-de-France, les joueurs du PUC ont écrit leur histoire. Ainsi que celle de la section squash, « qui est de la taille d'un post-it sur le livre commémoratif des 100 ans du club. On a toujours été plus proches de l'histoire drôle que de l'histoire du squash ! » se marre le Néo-calédonien Sébastien Marques, dans l'équipe depuis 2010 et qui avait fêté ses 32 ans la veille. Et pourtant la saison n'avait pas commencé de la meilleure des manières, avec deux défaites lors des deux rencontres initiales. S'en suivra une incroyable série de dix-neuf succès consécutifs, synonyme de titre.

Malgré quelques absences, le PUC a battu Vincennes et ainsi remporté le critérium

Aujourd’hui forte de 250 membres (dont une trentaine de femmes et une vingtaine de jeunes), la section squash du PUC a été fondée sous l'impulsion de Nicolas Colbert, à l'origine sous le nom d’ASSUP (Association pour le Squash Universitaire Parisien). Le club a compté parmi ses membres Éric Claudel, ancien numéro 1 français et champion de France au milieu des années 80. Plus récemment, Daniel Montel (qui à 64 ans joue encore en critérium en équipe 3) a collectionné les titres de champion de France vétérans : onze au total, de 1997 à 2015. Il tentera même d'ajouter une douzième ligne à son palmarès fin mai à Bron, alors que Benoît Derimay sera engagé chez les +35 ans. Mais les couleurs Pucistes brillent également chez les jeunes, grâce au protégé de Johan Bouquet, Joshua Jacques Phinera. Ce jeune joueur (15 ans le 6 mai prochain) a terminé sixième du championnat de France -15 ans en décembre à Chartres, avant de faire partie de la sélection d'Île-de-France vice-championne de France Interligues en janvier. Mieux encore, il a obtenu il y a quelques jours à l'Open de Créteil sa plus belle victoire, en battant le n°53 français.

Joshua Jacques Phinera (troisième en partant de la gauche) a été médaillé d'argent avec l'Île-de-France aux championnats de France Interligues

Joshua a ainsi toutes les chances de passer deuxième série au classement de mai. À moyen terme, il sera certainement amené à intégrer l'équipe 1, qui en attendant a donc mis fin à une longue période de règne commun de Vincennes et du Jeu de Paume (qui s'étaient partagées les deux premières places depuis 2008, date à laquelle s'arrêtent les archives …). Retour sur cette soirée particulière en compagnie de Sébastien Marques :

« Les derniers jours avaient été mouvementés, entre spéculations sur la composition de Vincennes et changements dans la nôtre : avec la multiplication récente des blessés dans nos rangs, on était même partis pour aligner seulement quatre joueurs. Sachant qu'on avait une dernière rencontre plus abordable (contre Créteil 2), on s'était dit que ce n'était pas grave si on perdait. D'après un tableau dont l'élaboration avait nécessité l'intégralité des trois semaines de trêve - avec pas mal de couleurs et beaucoup de chiffres - même si on perdait contre Vincennes, on avait quand même de bonnes chances de remporter le titre … Mais si on gagnait c'était l'assurance d'être champions dès mardi donc pourquoi s'en priver ? Blessés ou pas, on arrive donc avec cinq joueurs, le couteau entre les dents et le champagne au frais, juste au cas où. L'improbable se produit : on arrive à l'heure pour la rencontre ! Aritz Azpeitia, premier Vincennois présent nous dévoile enfin la composition adverse : Jean-Jacques Pineau, Julien Maussion, David Ferstler, Laurent Cayet et lui-même. C'est-à-dire beaucoup d'absents chez eux et donc un coup à jouer pour nous. Arnaud Foissac démarre contre Julien. Notre numéro 2 sait que le titre est en jeu, il préfère ne pas prendre de risques et relancer, mais avec précision. Julien court beaucoup et ramène un nombre impressionnant de balles, mais il se fatigue et malgré sa combativité, les points défilent et les jeux aussi. Avec ce premier point, l'ambiance monte d'un cran et le public en délire - au nombre de cinq ou six personnes - commence à y croire. Je rentre sur le court contre David, qui reprend la compétition après une longue blessure, et j'en profite pour empocher le premier jeu. Au début du deuxième, je prends rapidement une confortable avance de quatre points. J'entends alors des voix, plus précisément celle de Johnny Hallyday qui chante son chef d’œuvre « On est champions, on est tous ensemble, » chanson préférée d'Arnaud et qui est devenue l'hymne du PUC. Le pouvoir du rocker fait son effet, je suis galvanisé par ces quelques notes ... et je perds mon avance pour me retrouver avec une balle de jeu contre moi. Heureusement, Johnny s'arrête de chanter et je me reconcentre pour gagner le jeu. Bien que combatif jusqu'au bout, David commence à être émoussé physiquement, et je l'emporte 3 jeux à 0. C'est au tour de Lee Beaves contre Aritz (NDLR : membre de l'équipe de France de Frontenis, mélange de tennis et de pelote basque). Lee joue intelligemment et déplace bien son adversaire ... qui ramène absolument tout ! De beaux échanges, on croit souvent que Lee va remporter le point, mais c'est sans compter sur le physique du Basque qui prend le premier jeu. Lee s'arrache et continue à varier le rythme pour contrer la vitesse adverse et égalise à 1-1. Notre joueur se bat, mais se fatigue beaucoup au cours des échanges à rallonge que lui inflige Aritz. Il perd le troisième de peu et n'a plus assez de jus pour prendre à défaut l'infatigable Vincennois. Défaite 3-1, et les Val-de-Marnais reviennent à 2-1.

En venant à bout de Jean-Jacques Pineau, Johan Bouquet (à droite) a offert le titre à son équipe

Vidéo de la balle de match sur :

PUC - Vincennes (balle de match)

L'ambiance ne retombe pas pour autant, et c'est Johan qui rentre sur le terrain contre Jean-Jacques. Le match des numéros 1, la finale du criterium ! Jojo sait qu'il a le titre au bout de sa raquette. On le sait aussi. Il sait qu'on sait ... Mais Jean-Jacques en a vu d'autres et il entend relever le défi : le match commence à dix mille à l'heure, aucun des deux joueurs ne voulant ralentir le rythme ! À ce jeu là, Johan rattrape la balle une fois de plus que son adversaire et s'envole au score pour empocher largement le premier jeu. Après la minute trente d'interruption, les deux joueurs reprennent sur ce rythme effréné et le capitaine de Vincennes montre qu'il en a encore sous le pied. Le score est serré, les deux joueurs sont au coude à coude. Johan ramène une balle de plus, puis deux et se détache, 2 jeux à 0. Il commence le troisième jeu en confiance, le titre est au bout. Jean-Jacques comme toujours ne lâche aucun point mais le rythme du match favorise Johan. 10/7, Championship ball. Tout le PUC, maintenant un belle horde de sept personnes, est prêt à bondir. Johan me jette un regard et, après autant de temps passé ensemble dans les vestiaires, je comprends son message : sors la caméra, je le mets celui là. Un amorti nick croisé plus tard, match Johan, le PUC est champion ! Difficile de se dire qu'il reste un match à jouer, mais Benoît et Laurent rentrent tout de même sur le court pour conclure la rencontre. Notre capitaine est en état de grâce : il perd les six premiers points, puis très vite le premier jeu. C'est à ce moment qu'on se souvient que champions ou pas, on est avant tout un club municipal et qu'il faut aller se doucher avant que le gardien ne nous mette dehors … Je reviens donc pendant le cinquième jeu, perdu par Benoît 11/9. Qu'importe, nous sortons le champagne que nous buvons dans l'esprit PUC : dans des tasses en plastique, mais avec une bande de copains. Beaux joueurs, l'équipe de Vincennes (qui étaient tenants du titre) s'est jointe à nous au bar pour trinquer et chanter à notre victoire ! »

Les neuf champions d'Île-de-France

- Johan Bouquet : 32 ans, n°9 français (n°6 en 2013) – n°100 mondial en 2014 – Champion de France junior 2003 - 18 victoires en 19 matches en critérium, 8/8 en Nationale 3

- Arnaud Foissac : 32 ans, n°44 (n°19 en 2009) – Champion de France -15 ans 1998 et 1999 – Champion de France 2ème série 2013 - 13/15 en critérium, 4/4 en N3

- Sébastien Marques : 32 ans, n°47 – 8/15 en critérium, 3/4 en N3

- Benoît Derimay : 39 ans, n°68 – Champion d'Île-de-France +35 ans 2017 - 14/19 en critérium, 3/4 en N3

- Boris Quennehen : 32 ans, n°173 – 14/16 en critérium, 5/5 en N3

- Lee Beaves : 44 ans, n°188 (n°30 en 2005) – 5/8 en critérium, 1/1 en N3

- Maximiliano Lugones : 27 ans, n°425 (n°81 en 2015) – 5/7 en critérium, 4/6 en N3

- Franck Vilas : 30 ans, n°210 – 1/3 en critérium

- Marc Legendre : 41 ans, n°846 (n°88 en 2010) – 1/1 en critérium

ET CE N'EST PAS FINI …

Le deuxième week-end de juin à Nîmes, les Pucistes auront l'occasion de parachever une saison de rêve, avec les playoffs d'accession en Nationale 2. Promus en N3 cette année, ils ont survolé la poule B, grâce notamment à Johan Bouquet. Le numéro 9 français met souvent en avant l'importance de ses coéquipiers, indiquant par exemple que « Seb (Marques) est celui qu'il faut féliciter, au-delà de ses progrès et ses efforts monumentaux, il a joué blessé depuis un ou deux mois. Et hors squash, il vient de se voir décerner par France Ô le Prix Océans du meilleur scénario (son court-métrage va maintenant être tourné en Nouvelle-Calédonie et sera diffusé pendant le Festival de Cannes 2018). » Néanmoins, son arrivée cet été en provenance du Jeu de Paume a été décisive, lui qui n'a plus plus perdu sous le maillot du PUC depuis sa défaite lors de la première journée contre Auguste Dussourd. Bouquet et ses camarades aborderont donc ces phases finales en position de tête de série : dispensés de premier tour, il leur suffira de gagner leur quart de finale pour monter à l'étage supérieur. Avec peut-être dans un coin de leur tête le titre de champion, même si l'armada Montpelliéraine emmenée par Grégoire Marche et Geoffrey Demont sera dure à battre.

Les filles du PUC ne sont pas en reste, puisque Florence Fournier a participé cette année à son premier championnat de France

Mais ce n'est pas tout : en battant leurs concurrents directs de Chaville jeudi dernier sur leurs terres, l'équipe 4 a remporté la poule C de Division 3 et jouera en D2 en 2017-2018. Il pourraient même être rejoints par le PUC 5, assuré de disputer les barrages s'ils battent les Touristes de Saint-Cloud jeudi. On pourrait donc avoir trois équipes du club en D2 la saison prochaine, puisque l'équipe 2 s'est maintenue sans trop de frayeurs. Seul bémol, la dernière place de l'équipe 3 en D3 poule D, qui est donc reléguée en D4. Chez les femmes, en cas de victoire mardi contre Vincennes 2, Florence Fournier (qui a participé à son premier championnat de France cette année, remplaçant au dernier moment une certaine … Camille Serme) et ses équipières assureront définitivement leur maintien en Division 2. Enfin, l'équipe de D2 a effectué une belle fin de saison qui lui a permis de remonter à la 10ème place. 

FLASH RÉSULTATS

D1 hommes

Le PUC a donc remporté le titre (voir ci-dessus GROS PLAN : LE PUC CHAMPION !) et Vincennes devra gagner mardi contre le Squash 95 pour conserver sa deuxième place aux dépens du Jeu de Paume. Ces derniers reçoivent Montigny, qui en cas de revers pourrait hériter de la place de barragiste si les Ulis battent le Jeu de Paume 2. En battant l'OSS Saint-Cloud, Créteil 2 a à la fois condamné son adversaire du jour à la relégation et préservé un mince espoir de maintien, mais la mission s'annonce très compliquée. Les Seine-et-Marnais doivent à la fois compter sur une défaite des Ulis et/ou de Montigny et battre le PUC, qui plus est avec de nombreuses absences (Camille Serme et Philippe Signoret au championnat d'Europe par équipes, Élise Romba et Laura Gamblin en Afrique du Sud).

En battant OSS Saint-Cloud, Créteil a condamné ses adversaires à la relégation mais ça n'a pas empêché les deux équipes de partager un moment de convivialité après la rencontre

D1 femmes

L'information est passée inaperçue par rapport au titre du PUC, car c'était devenue une évidence depuis quelques semaines : les joueuses du Squash 95 ont été sacrées championnes d'Île-de-France mercredi soir, grâce à deux succès en deux jours contre leur équipe 2 et le PUC. C'est le troisième titre d'affilée pour les Val-d'Oisiennes, avec un trio majeur Renai-Michelot-Méry qui terminera (probablement) la saison invaincu. Ajouté à cela le maintien de l'équipe en Nationale 1, c'est encore une superbe saison pour ce club qui n'en finit plus d'étonner. Derrière, le vainqueur de la rencontre Jeu de Paume – Chaville terminera deuxième. En bas de tableau, en cas de succès mardi contre le Stade Français, la Garenne a une petite chance de dépasser le Cygne et d'éviter la 11ème place synonyme de descente en D2.

Grâce notamment à son trio Océane Michelot - Soraya Renai - Marine Méry - le Squash 95 remporte son troisième critérium consécutif

D2 hommes

Dans la poule A, Chaville profite de sa victoire contre Meaux et des défaites des deux autres prétendants les Ulis 2 et Montmartre 2 pour assurer la deuxième place avant la dernière journée. Manuel Goncalves et ses équipiers participeront donc aux barrages de montée en D1. En bas de la tableau, Mantes-la-Jolie et Verrières 3 descendent en D3 alors que la place de barragiste (pour la descente) se jouera entre Sannois et Meaux. Dans la poule B, Montmartre a officialisé son retour en D1 en battant Vincennes 2. La place de deuxième est convoitée par Verrières et le Squash 95 3, qui s'affronteront jeudi dans un match en retard décisif.  Montigny 2, Jeu de Paume 3 et Oxygène 2 sont encore concernés par les barrages et/ou la descente et seront fixés mardi.

D2 femmes

Le match nul du Jeu de Paume 2 contre Oxygène permet au Squash 95 3 de prendre un point d'avance à une journée de la fin. Les rencontres de mardi sont Squash 95 3 – Montigny et Jeu de Paume 2 – Plessis, les Val-d'Oisiennes ont donc leur destin entre leurs mains.

D3 hommes

Après IBM Paris City Form, les Bouvets et le Plessis, c'est au tour du PUC 4 d'avoir remporté son groupe et validé son ticket pour la D2 (voir ci-dessus GROS PLAN : LE PUC CHAMPION !). Concernant les places de barragistes : dans la poule A, Esam Squash la soufflera à Sannois 2 en cas de victoire jeudi. Dans la poule B, ça se jouera entre le PUC 5, Stade Français 3 et Verrières 3. Dans la poule C, entre Montreuil 2 et Chaville 3, alors que le SAC a fini deuxième de la poule D (qui s'est achevée il y a quelques semaines). Si dans la poule A Guyancourt est déjà relégué, tout comme Squash 95 5 et Plessis 2 dans la poule C, Total Elf, Touristes 2 Saint-Cloud et Quartier Latin sont à la lutte dans la poule B pour éviter les deux dernières places.

D4 hommes

Le Cercle de l'Union Interalliée a validé sa montée en battant le Stade Français 5, et rejoint ainsi Créteil 3 et Pyramides 5 dans l'ascenseur vers la D3. On connaîtra à l'issue de la dernière journée de jeudi l'identité du meilleur deuxième, qui les accompagnera. Sont concernés : Cygne 6 (poule A), Saint-Cloud 4 (poule B), et Plessis 3 ou Squash 91 2 (poule C), qui disputent une véritable finale pour la deuxième place. Les deux meilleurs troisièmes seront quant à eux qualifiés pour un barrage.

La dernière journée aura lieu mardi et jeudi. En fin de semaine prochaine, nous vous proposerons un récapitulatif complet de la situation dans toutes poules : équipes promues, reléguées et barragistes.

Article de Jérôme Elhaïk